Les temps satellites
L'exposition
L’exposition parcourt les chemins pluriels du vécu photographique, à la recherche de sa « temporalité » si particulière, du XIXe siècle à aujourd’hui. La photographie est étudiée dans sa dimension ambigüe de fixation de l’instant, en tant que moment volé à la fois éternel et révolu. Illustration archétypique de cette notion et point de départ de l’exposition, le daguerréotype d’Henri Ziegler Portrait à la montre de Gaspard Ziegler, figeant homme et aiguilles du cadran. Les temps satellites sont autant de variations de ce thème qui allie le contemplatif à la vitalité du geste photographique, à l’instar des prises d’Angela Grauerholz qui révèlent comme une tension présente dans un paysage morne et poétique. François Deladerrière dans sa série L’illusion du tranquille façonne une esthétique du statique en parvenant à y glisser l’élan d’une présence passée ou à venir, qu’il s’agisse d’une boîte de nuit désertée, d’une carcasse de voiture ou de maison, squelettes fragiles du souvenir. Un souvenir qui est récurrent dans l’exposition. Celle-ci crée le dialogue entre photographie récente et ancienne : les captures effectuées en Égypte par Auguste Bartholdi pendant la deuxième moitié du XIXe siècle illustrent l’idée d’archivage et de chronique que l’on retrouve, au XXIe siècle, avec Raymonde April dans ses docu-fictions mêlant caractère autobiographique et romanesque du quotidien. La poétique du temps qui passe et du temps retenu trouve aussi son expression dans les visages, autres surfaces de l’imaginaire et de l’exercice du regard. Les portraits d’Eric Nehr, mystérieusement lumineux, font de la peau, des cheveux et des fonds monochromes la texture de l’œuvre. Quant à DiCorcia, il utilise visages et corps comme outils de détournement et de pose pour rejouer avec humour et maniérisme la comédie outrancière de la vie occidentale.
Pauline Verduzier
Pauline Verduzier
Quand
15/09/2012 - 10/11/2012