Les 46 photographes de 29 nationalités différentes invités à la 3e édition de Photoquai nous livrent au travers de 400 clichés le regard parfois tendre, parfois ironique, qu’ils portent sur leur identité culturelle et les conditions de vie dans leur pays d’origine. Images prises sur le vif ou mises en scène, argentique, numérique ou photomontage, l’éclectisme de cette manifestation s’exprime tout autant par les thèmes et les problématiques soulevés que par les choix esthétiques opérés. Véritables analystes du monde moderne, ils traitent du poids des traditions et de leur créolisation sous l’effet de l’internationalisation des flux humains, de la portée des évolutions sociétales sur les individus et des souffrances psychologiques qu’elles impliquent. Mingui Luo nous décrit alors avec humour et justesse l’arrivée de la mode occidentale en Chine, Christian Tundula, à travers le portrait d’une jeune danseuse, évoque le processus d’urbanisation à l’œuvre au Congo, tandis que Michael Tsegaye nous entraîne dans le quotidien des prostituées d’Addis Abeda. Véritables témoins d’un monde en mutation, ces artistes dressent des portraits, construisent des allégories, interrogeant leur propre identité et celle de leur pays, nous incitant, par effet de miroir, à nous interroger sur notre propre condition. Photo d’art, photoreportage, art sociologique, art militant ? Ces hommes et femmes du monde entier témoignent, se livrent, s’engagent, malgré une censure parfois menaçante. Et lorsque Edwin Koo nous dévoile les conditions de vie des exilés tibétains et que Pang Khee Teik nous fait part de la censure morale dont font l’objet les homosexuels en Malaisie, l’artiste se fait activiste et l’image subversive.


Justine Morvan

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