Se substituant à la narration en découlant, les photographies de Laura Henno et de Sarah Ritter transcendent l'éphémère et le particulier pour constituer autant de récits paraboliques se parant de la constance de l'universel. Ainsi, c'est de la solitude, de la précarité de l'espérance, de la quête d'un soi et d'un chez soi dont nous fait part Laura Henno lorsqu'elle saisit au travers de son objectif ces visages mornes et anxieux. Le caractère archétypal des environnements dans lesquels évoluent les personnages qu'elle met en scène renforce d'autant plus la puissance du message véhiculé, et usant et abusant de nos représentations du monde, l'artiste livre un travail tout à la fois politique et irréductible à son contexte particulier. L'intemporalité du sens est également inhérent au travail de Sarah Ritter qui, de part son traitement spécifique de la lumière, transforme l'instant en éternité ; et, sans insérer de dramaturgie dans ces clichés interrogeant le rythme des saisons, elle pose un regard grave sur le temps qui passe, sur les marques qu'il dépose, sur les hommes comme sur le monde.

Justine Morvan

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