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Théodule Ribot

1823 (Saint-Nicolas-d'Attez) / 1891 (Colombes)

Lorsqu’il est accepté pour la première fois au Salon de 1861, Théodule Ribot touche déjà à ses quarante ans et présente six tableaux dont des cuisiniers qui lui valurent un grand succès. Il n’en fallut pas davantage (si ce n’est la reprise du sujet !) pour que le public ne se souvienne plus de lui que comme peintre d’offices. Seulement, à côté de ce motif de prédilection qui, d’apparence moraliste, n’en reste pas moins un médium idéal du grand art – celui qui considère que la peinture doit s’incarner en couleurs, masses, pâtes –, il exploite les enfants surpris dans leur labeur, dressant ainsi la critique d’un capitalisme où le travail des mineurs ne devait être réglé que plus tard… Il conçoit encore des figures de caractères, musiciens et orants (Au Sermon, 1875-78), de la ville comme des champs (La Petite Laitière, vers 1865), sans négliger la peinture d’histoire. Ainsi, d’un Bon Samaritain, le premier achat de l’État en 1871 (présenté au public dès l’ouverture du Luxembourg en 1874), image du supplicié dans son humanité percluse, résurgence empirée des plus lugubres interprétations de la noirceur des hommes par un caravagesque désenchanté. Viande humaine ? Tout au moins, académie traitée en nature morte. Et voilà tout le génie de Ribot : outrepasser encore les exordes de l’Ecclésiaste et montrer la corruption finale. Au lendemain de la boucherie franco-prussienne, nul doute que le Samaritain ait été confondu aux piou-pious sacrifiés hier…



Portrait:
Théodule Ribot.
Autoportrait (détail).
Vers 1887-1890.
Lille, Palais des Beaux-Arts.

© RMN-Grand Palais / image palais
des beaux-arts de Lille



Ses numéros






Ses expositions


Théodule Ribot. Une délicieuse obscurité

16/10/2021 - 10/01/2022
(Toulouse) Musée des Augustins, Toulouse