EXPO CHICAGO
Du 19 au 22 septembre, la métropole du lac Michigan accueille une nouvelle fois Expo Chicago, sous la direction artistique de Stephanie Cristello, en charge de sa programmation depuis 2013.
Avec une augmentation remarquable de sa puissance sur les trois dernières éditions, Expo Chicago reçoit pour la première fois cette année les galeries internationales Thaddaeus Ropac (Londres, Paris, Salzbourg), Nara Roesler (São Paulo, Rio de Janeiro, New York), Timothy Taylor (Londres, New York) ou Axel Vervoordt Gallery (Anvers, Hongkong). 135 exposants s’y rassemblent au total, en provenance de 24 pays et de 68 villes.
Pour cette capitale artistique - dont l’ampleur fut telle qu’il fut un temps où elle défia New-York - le déclin dû à la crise de 1990 accouplée au lancement de l’Armory Show en 1994 à New-York semble décidément révolu. Anciennement nommée Art Chicago, la foire renaît sous le nom d’Expo Chicago en 2012 et retourne au Navy Pier, satisfaisant de fait les galeries de renommée internationale qui s’y pressent de nouveau. La galeriste Mariane Ibrahim en est un exemple éloquent : réticente il y a quelques années à s’installer à Chicago, elle y mène aujourd’hui un marché prospère, avec 70% de son portefeuille clients en provenance de la ville. Cette renaissance de la foire constatée sur ses dernières éditions est telle qu’après New York (Frieze) et Miami (Art Basel Miami Beach), elle s’impose aujourd’hui sur le sol américain comme le troisième rendez-vous majeur du marché de l’art, ce que confirme le célèbre marchand Kavi Gupta cité par Jean-Marie Durand dans son article pour The Art Newspaper : « La foire a retrouvé un élan incroyable, inédit depuis les années 1980 ». Bien qu’une forte proportion d’exposants soient américains, l’évènement convie également certaines galeries européennes. Du côté des français, Daniel Templon lui reste fidèle depuis plusieurs années déjà, et la galerie Papillon expose les œuvres du collectif belgo-italien Void. Nous retrouvons également la Galerie RX ou encore la Galerie La Forest Divonne.
Il faut dire que c’est aussi l’engagement social de la foire, reflet de celui de la ville, qui séduit. Pour Mariane Ibrahim, « Chicago est le fief de Barack Obama et d’Oprah Winfrey, c’est la ville qui peut s’intéresser aux artistes africains et américains ». Compte tenu de la communauté importante de collectionneurs soutenant le travail des Afro-Américains à Chicago, la galeriste inaugure même son espace dans le quartier ouest de la ville avec les œuvres d’Ayana V Jackson. Connue pour endosser les costumes de personnalités féminines comme Anarcha, cette esclave opérée à trente-quatre reprises lors d’expérimentations médicales sans anesthésie, la photographe use de l’histoire pour soulever des stéréotypes ancrés, de manière à ce qu’à l’avenir, ils s’évanouissent. Avec l’élection de la démocrate Lori Lightfoot, première maire noire et homosexuelle de la ville, Chicago apparait comme une ville ouverte sur le monde et sachant se démarquer, ce que l'évènement confirme. Pour le président et directeur du salon Tony Karman, « Alors que les sujets relatifs au changement climatique, aux questions de genre et de race font surface avec un désir constant de changement dans le monde entier - les œuvres exposées à l’exposition EXPO de cette année à Chicago ont fait écho à la revendication internationale de la reconnaissance de telles questions. »
Expo Chicago. Du 19 au 22 septembre 2019, Navy Pier Festival Hall, Chicago.
Visuel : courtesy of EXPO CHICAGO.