L’exposition « Songes » réunit Eve Malherbe et Degann, artistes qui nous entrainent dans le monde des songes à travers des œuvres où les drapés, leurs infinis plis et replis, cristallisent l’ensemble de leurs recherches.
Chez Eve Malherbe (née en 1987), les drapés peints deviennent les territoires du rêve, des plis de matière et d’âme où les corps s’effacent ou signalent leur présence par d’infimes détails. Cette ambivalence, qui s’exprime dans un travail pictural tantôt sobre, tantôt soyeux, est ainsi revendiquée par l'artiste : « l’étoffe a une souplesse (la peinture aussi) qui permet de passer d’un état à un autre, de faire du lien, de conjuguer le visible et l’invisible, le désir et le tabou. » Eve Malherbe, lors de sa résidence à la Casa Velázquez (2022), a également réalisé des portraits de dormeurs avec de la poussière, matériau évanescent qui lui permet d’appréhender des thèmes liés au passage comme le sommeil, l’adolescence, le désir.
Chez Degann (née en 1989), l’étude des drapés se concentre sur un motif récurrent : celui des lits défaits. Les grands draps blancs ou rayés, travaillés exclusivement à l’encre de Chine et dans une veine hyperréaliste, sont une ouverture vers le monde intérieur des songes et de l’inconscient : « Il porte les traces du repos, des rêves, de l’intimité ou de l’érotisme, mais ce qui m’attire surtout, c’est ce qui subsiste après : une empreinte invisible, une tension silencieuse » déclare l’artiste. Là encore, l’ambivalence règne : entre songe et matière, absence et persistance.

Domitille d'Orgeval