Au Centre Pompidou Metz, Cerith Wyn Evans présente une installation in situ époustouflante. Il déploie l’idée japonaise du jardin emprunté, ou « Shakkei », qui pense l’intégration du jardin zen au paysage qui l’entoure, afin d’offrir aux yeux l’illusion d’une continuité infinie qu’il ne fait alors qu’emprunter. L’artiste efface les frontières matérielles entre les œuvres et les murs du musée. Quel espace aurait été plus adapté que celui-ci, dont les parois en baie vitrée nous offrent une vue imprenable sur Metz, qui semble alors prolonger la salle ? L’assimilation au jardin s’explique aussi par la déambulation libre du visiteur dans une salle unique, dont les œuvres viennent sculpter l’espace. Plus qu’un lieu à « visiter », l’exposition de Wyn Evans devient un lieu de vie, où l’artiste suggère, un sourire en coin, de venir discuter entre amis. Loin du recueillement de nécropole – selon l’expression de Merleau-Ponty – adopté par les visiteurs de musée et renforcé à l’époque des téléphones portables, Lueurs empruntées est un manifeste pour une expérience du présent, condition sine qua non d’une rencontre avec les œuvres.

Extrait de l'article de Gae Blu Infuso publié dans le N°112 de la revue Art Absolument. Parution le 15 janvier 2025

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