En exposant à Paris parmi les premiers travaux d’ORLAN, la galerie Ceysson & Bénétière, prolonge un travail de relecture et de réévaluation entamé en 2018 lors de l’exposition « ORLAN avant ORLAN » dans le même lieu. Se détachant pourtant de ses tableaux géométriques des années 1970, « androgynes » et flirtant déjà avec le baroque, ses œuvres précoces opèrent par la photographie et font de l’image de soi un leitmotiv. Précoces, parce qu’on y voir avec « ORLAN accouche d’elle-m’aime » (1964) l’apparition d’une jeune fille alors âgée de 17 ans en même temps que de son alter ego sous la forme d’un mannequin de galerie marchande. Mais aussi parce qu’elles donnent dès lors une image manifeste anticipant de manière personnelle des luttes en gestation, dont la création du MLF (Mouvement de Libération des Femmes) en 1971 sera un jalon, en actant une « Tentative de sortir du cadre » (1965) jouée par ORLAN elle-même dans une série de tableaux photographiques. Cette puissance affirmative, jouant et déjouant la candeur et le corps-marchandise, a à l’évidence toute son actualité aujourd’hui.

Tom Laurent

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