Vertiges
L'exposition
Vertiges, chutes dans le ciel
Après Dépenses en 2016 et Intériorités en 2017, la trilogie d’expositions béthunoises inspirées à Léa Bismuth par la pensée de Georges Bataille s’achève avec Vertiges. Si pour la commissaire, « Bataille vous modifie », sa lecture engage très précisément à l’exercice d’une liberté inquiète, dont les œuvres de ce dernier volet partagent le mouvement – « du connu à l’inconnu », comme le philosophe décrit celui de l’image poétique dans L’Expérience intérieure. La vue de l’ensemble de photographies collectées ou prises par Antoine d’Agata – scènes de toxicomanie, visages fermés de Rohingas ou image de biche évoquant la Shoah… –, parce qu’elles sont malheureusement familières tout en s’arrachant à l’ordinaire, fait écho au désir de meurtrissure en jeu dans la réalisation de ces images. Un monde les sépare des encres séduisantes de Claire Chesnier, recouvrant d’un nuancement sans fin de grands papiers. Pourtant, la recherche d’une limite « introuvable » les anime chacun à leur manière. Plus que les peintures florales de Bruno Perramant, liant vitalisme et toxicité, ou la dissémination de boules noires par Charbel-joseph H. Boutros pour redéfinir l’espace d’exposition en géographie mobile, la présence importante d’œuvres de Daniel Pommereulle (1937-2003) tient ici de l’évidence. Chez Pommereulle en effet, la recherche d’extase fut une manière d’intensifier la vie. Ses objets sculpturaux dardés de lames de rasoirs et d’hameçons disent cette fascination et cette mise à distance, dès lors qu’il s’agit de sentir par la blessure, quand le ciel et sa promesse d’élévation se fait chute dans le vide – son film Vite, tourné juste après Mai 68 dans le désert du Sahara, en est le véhicule. Dans Vertiges, les photographies de Georges-Tony Stoll partagent cette même intensité.
Extrait de l'article de Tom Laurent, publié dans le N°86 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2018
Après Dépenses en 2016 et Intériorités en 2017, la trilogie d’expositions béthunoises inspirées à Léa Bismuth par la pensée de Georges Bataille s’achève avec Vertiges. Si pour la commissaire, « Bataille vous modifie », sa lecture engage très précisément à l’exercice d’une liberté inquiète, dont les œuvres de ce dernier volet partagent le mouvement – « du connu à l’inconnu », comme le philosophe décrit celui de l’image poétique dans L’Expérience intérieure. La vue de l’ensemble de photographies collectées ou prises par Antoine d’Agata – scènes de toxicomanie, visages fermés de Rohingas ou image de biche évoquant la Shoah… –, parce qu’elles sont malheureusement familières tout en s’arrachant à l’ordinaire, fait écho au désir de meurtrissure en jeu dans la réalisation de ces images. Un monde les sépare des encres séduisantes de Claire Chesnier, recouvrant d’un nuancement sans fin de grands papiers. Pourtant, la recherche d’une limite « introuvable » les anime chacun à leur manière. Plus que les peintures florales de Bruno Perramant, liant vitalisme et toxicité, ou la dissémination de boules noires par Charbel-joseph H. Boutros pour redéfinir l’espace d’exposition en géographie mobile, la présence importante d’œuvres de Daniel Pommereulle (1937-2003) tient ici de l’évidence. Chez Pommereulle en effet, la recherche d’extase fut une manière d’intensifier la vie. Ses objets sculpturaux dardés de lames de rasoirs et d’hameçons disent cette fascination et cette mise à distance, dès lors qu’il s’agit de sentir par la blessure, quand le ciel et sa promesse d’élévation se fait chute dans le vide – son film Vite, tourné juste après Mai 68 dans le désert du Sahara, en est le véhicule. Dans Vertiges, les photographies de Georges-Tony Stoll partagent cette même intensité.
Extrait de l'article de Tom Laurent, publié dans le N°86 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2018
Quand
08/09/2018 - 10/02/2019