Mehdi Meddaci. Se Frotter les Yeux
L'exposition
Après « Les Yeux tournent autour du soleil », ensemble filmique et photographique que Mehdi Meddaci avait montré en 2014, « Se Frotter les yeux » prolonge le temps de sa réalisation par la reprise de certaines de ses « chutes », matériaux que le plasticien investit d’un sentiment d’hébétude. Construits sur des souvenirs familiaux qu’il n’avait pas lui-même vécu, embrassant la représentation d’une mémoire collective, Mehdi Meddaci voyait ses travaux comme « un geste résiduel » : aujourd’hui, cette chute du temps ravivé s’étend à sa propre histoire – l’incluant en filigrane dans le cours de l’Histoire. Des images saisies en Syrie à partir de 2003 se teintent de nouveaux récits : comment s’empêcher de regarder la photographie d’un palmier tronqué pris alors à Palmyre – et déjà intitulé « Colonne » – à l’aune des événements récents qui ont frappé la ville? Si le présent contamine un temps révolu, ce passé reste latent dans l’image. Et installe la chute comme figure de l’histoire… L’artiste a par ailleurs repris les rushs du casting d’une ancienne vidéo qui voyait ses protagonistes s’effondrer dans des ralentis répétés. Ici, le caractère brut des séances d’entrainement semble indiquer un présent plus direct, et une réponse gestuelle qu’il ne faut cesser d’apprendre. « Les Ballons Blancs », daté de 2015 et lié à une commande du musée Carnavalet débutée en 2014, met le temps en suspens. A l’écran, apparaissent alternativement des jeunes gens semblant apprivoiser des perruches et une somme d’individus seuls ou groupés déambulant dans un parc – autant de « cellules » partageant un même espace – et tenant des ballons blancs, flottant au-dessus d’eux. Ballons et perruches, s’envolant et refluant par des gestes répétés, peuvent s’interpréter comme des prothèses mémoriels, et le geste de les tirer à soi comme la volonté de maintenir la présence d'un souvenir obscurci.
Tom Laurent
Quand
12/05/2016 - 16/06/2016