Partie du Centre Pompidou en passant par le Musée Cantini de Marseille, l’éclatante rétrospective d’Hervé Télémaque conçue par Christian Briend prend la mer pour la Martinique. Cette escale transatlantique qui inaugure les nouveaux bâtiments de la Fondation Clément met l’accent sur des œuvres inédites et spectaculaires issues de collections privées […]. Bernard Hayot a probablement été stimulé dans sa décision de présenter la rétrospective de Télémaque au François quand il a relu sur les murs du musée parisien cette citation émouvante d’Aimé Césaire qui réunit dans une même expérience le poète et le peintre : « Ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terre, ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale, elle plonge dans la chair rouge du sol, elle plonge dans la chair ardente du ciel, elle troue l’accablement opaque de sa droite patience… » En effet, il y a chez Télémaque une volonté de construire ou plutôt de déconstruire et de reconstruire en peinture une ethnographie des relations entre les Caraïbes et la France, mais aussi de s’interroger sur l’exil aussi bien que sur la précarité de l’existence. [...]


Extrait de l'article de Renaud Faroux paru dans le numéro 69

Cette exposition, qui interroge la mémoire et les symboles de la Martinique selon un traitement contemporain, est l'occasion de célébrer l'ouverture de nouveaux espaces à la Fondation Clément, dédiés à l'art contemporain caribéen. Malgré une architecture et des lignes modernes, les salles s'inscrivent dans la continuité du paysage et des traditions martiniquaises. Les matériaux utilisés proviennent en effet du site lui-même, et l'organisation du bâtiment, en particulier de la cuverie, préfigure une activité identitaire de l'île : la production de rhum. Intégrées au paysage et à l'histoire, ces nouvelles salles, aux dimensions surprenantes, tiennent ainsi lieux de passerelles entre tradition et modernité.

Texte de Marie-Astrid Vandesande

Site de l'exposition