Guy Selz, homme d’art et de plume contribuant à la propagation de l’esprit moderne – il rédigea de nombreux articles, prenant, en son temps, la défense d’artistes d’avant-garde tels que Alexander Calder ou Max Ernst dans des revues grand public -, fut aussi et même avant tout un grand collectionneur. Objets de tout et de rien, art populaire, artefacts religieux ou rituels, ustensiles ou jouets venant des quatre coins de la planète : les éléments disparates de sa collection fonctionnent comme un assemblage insolite qui, suite à sa donation au Musée du jouet de Catalogne en 2009, trouve dans cette première présentation publique une autre forme de reconnaissance. En dehors de tout esprit de hiérarchie, la beauté inscrite dans l’ordinaire, masquée par les contraintes du goût en vogue, est comme révélée par l’arrachement de ces objets à leur fonction première. On trouve ici une accumulation très colorée et vivante de ce qui fonde l’imagerie populaire : poupées, vaudous brésiliens, lanternes magiques jusqu’à ce que Guy Selz appelait lui-même « une collection de mauvais goût ». Les dernières acquisitions de celui-ci furent à l’image de la causticité du personnage : un ensemble d’arcs-en-ciel qu’il souhaitait rassembler répond à son ensemble photographique d’incendies.