Pour Raymond Depardon, « la couleur est la métaphore de la curiosité », cette curiosité qui l’a amené à voyager en Amérique latine, en Afrique et au Royaume-Uni, d’abord en tant que reporter puis pour son plaisir de l’image. La couleur est liée à l’enfance du photographe élevé dans une ferme, lieu où il saisit en 1984 l’image floue de sa mère dans sa cuisine. C’est à l’occasion de voyages entrepris de manière personnelle qu’il réalise des photographies libres sans sujet apparent. Il éprouve un réel bonheur à prendre ces clichés en couleur. Cet ensemble, qu’il nomme « un moment si doux », possède une atmosphère calme révélant silencieusement, délicatement, une vérité, celle de la réalité. Le rapprochement que l’on peut opérer entre son corpus photographique et les peintures d’Hopper fournit des indices permettant de comprendre l’importance que Depardon accorde au vide pour mettre en valeur ses personnages et ses paysages du monde entier. L’exposition retrace son parcours du début des années 50 à aujourd’hui en passant par le Chili, Beyrouth ou encore Glasgow au travers de 160 photographies dévoilant des séries inédites. A Beyrouth, la photographie d’une voiture criblée de balle s’attache à nous montrer ce qu’il se passe en marge des conflits ravageant le Liban à partir de 1978.

Laura Araneda Villegas

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