Née d’une révélation de la couleur en mouvement, alors que l’artiste fait face au défilement des rames graffitées du métro new-yorkais durant sa jeunesse, la peinture de JonOne signe la conjonction de cette origine calligraphique, liée au graffiti, et du pouvoir d’émancipation du champ abstrait. Si y pointent des références aux grands noms de l’Action Painting américain, Jackson Pollock au premier titre pour sa vision gestuelle du processus de création, la voie originale que JonOne trace tire sa fraîcheur d’une remise sur le métier des composantes essentielles du graffiti. L’inventeur du « Freestyle », arrivé à Paris en 1987, y a troqué la rue comme surface sans limites pour les contraintes de la toile : s’en est suivi un retour à la racine de sa pratique, sous le mode de la fulgurance. Le graffiti, comme expression populaire des latinos de New-York né dans les années 1970, s’y charge du silence de la peinture abstraite. Si la calligraphie y reste toujours en suspens, les pièces présentées à la galerie Rive Gauche sont comme des lucarnes sur les différents styles qu’il a pu développer, parfois réunis au sein d’un même cadre. Saturation, énergie et couleur sont les caractères qui fondent sa peinture.

Tom Laurent