Entre le geste démiurgique créant la forme ex nihilo et la contemplation du paysage comme image, Bernard Moninot ouvre une troisième voie depuis une dizaine d’années en saisissant le fait de la nature comme possible acteur de l’œuvre. Le dispositif dont il use est simple, « élémentaire » même : il relève le moment opportun où le souffle du vent fait onduler branches ou brins d’herbe, et dessine par le biais de leur pointe le trajet de son propre archivage. Là où les tenants du land art transformaient la nature pour créer des œuvres, Bernard Moninot opère différemment : il capte l’élément naturel pour faire advenir sa mémoire, sa présence, sans y « mettre la main ». Les dix dessins de lumière présentés au sein des collections du MAC/VAL sont des butins de fortune dépossédant un sujet inépuisable, écrivain comme malgré lui d’un poème visuel. Ces empreintes prennent leur forme définitive dans leur projection sur les murs, agrandies, pour composer une typologie de l’évanescent. Elles ne signifient rien – que signifie le vent ? – mais possèdent un sens, celui, en quelque sorte, d’affirmer une volonté de « capter » les phénomènes qui nous dépassent.

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