Maurice Denis et la Bretagne
L'exposition
Pour Maurice Denis, celui que ses amis appelaient à ses débuts « le nabi aux belles icones », la pièce est à deux faces, réversible, l’une cachant souvent l’autre. Car Denis le lumineux, l’homme dont les petits formats de ses commencements sont autant de talismans, assemblages de couleurs en surfaces planes dont les compositions toutes en verticalité suggèrent l’élévation, a joué, 20 ans avant Picasso, avant Derain, avant les plus avant-gardistes, la partition du retour à l’ordre, dans une œuvre qui scrute dorénavant du côté des maîtres classiques sans jamais les surpasser. Et le même décor, cette Bretagne dépeinte inlassablement depuis la leçon de Gauguin à Pont-Aven, est traduit dans des registres bien différents : celui qui appelle une mise en page synthétique, primitive, jusqu’à ce qu’il intitule lui-même le « style châtié ». Ses paysages rocheux, ses plages où paradent nymphes et cortèges royaux, ses horizons littoraux d’où surgissent des îles bien reconnaissables, lui inspirent sans doute ses plus beaux morceaux de peinture, y compris après son retournement stylistique. Même lorsqu’il flatte un certain Puvis de Chavannes, dans son Galatée de 1908, Maurice Denis éclipse de son aura primitive et solaire, fait du Raphaël à la plage, mais il est le seul alors à sentir et à exprimer, et avec quel délice, les joies que procurent les loisirs simples qu’il trouve en Bretagne au cours de ses séjours familiaux. Ce désir de se rapprocher de sa terre de cœur le pousse à acheter une villa en 1908 à Perros-Guirec : le Silencio constitue un lieu de travail et de repos, où il accueille ses amis Gide, Valéry ou Sérusier. Se focalisant sur cette œuvre bretonne, l’exposition de Saint-Germain-en-Laye offre à voir plus d’une centaine de peintures, agrémentée de photographies, croquis et documents épistolaires.
Tom Laurent
Tom Laurent
Quand
18/10/2011 - 22/01/2012