Surnommé « Le prince du rêve », le peintre symboliste Odilon Redon investit allégrement les méandres de la psychologie et de l’imaginaire dans une désinvolture audacieuse face à la logique cartésienne et tout académisme pictural. Ineffable poésie mélancolique de ces œuvres nourries d’onirisme, de fantasmagorie, de contes et légendes et aujourd’hui exposées au musée Fabre de Montpellier. Noirs fusains et gravures angoissés, ainsi décrits par l’artiste : « Ces étranges lithographies, souvent sombres, abstruses, et disons-le, dont l’aspect est peu séducteur, s’adressent au contraire à des esprits de silence, et même ayant encore en eux les ressources si rares de l’ingénuité naturelle - sorte de grâce. » Adjacentes, les peintures rayonnent par leurs couleurs éclatantes, incandescentes même, singulièrement différentes de celles de ses contemporains impressionnistes ; enchanteresses, elles raisonnent encore de l’écho d’un voyage vers l’Ailleurs.

Charlotte Dufour

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